La colère de l’avocat d’un journaliste contre l’ancien ministre de la justice

A la faveur d’un point de presse qu’il a animé ce mercredi 21 février 2024 à son cabinet à Kaloum, l’avocat du journaliste Boubacar Sanso Barry, Me Moussa Sidibé a réagi sur la sortie du ministre Alphonse Charles Wright accusant son client d’être de mèche avec ceux qui ont piraté le site internet de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry.

Selon ce professionnel de droit, il est prématuré pour une autorité comme Charles Wright, de se prononcer sur une affaire alors qu’une enquête est encore en cours.

« Sur la convocation de la DPJ, il est précisé que Monsieur Sanso est convoqué pour des besoins d’enquêtes. (…). A votre avis, besoin d’enquête voudrait dire qu’on lui reproche quelque chose ? Même si vous n’êtes pas spécialiste, ça veut dire qu’on ne lui reproche rien, c’est uniquement pour des besoins d’enquête. C’est des enquêtes qui sont ouvertes, n’importe quel citoyen peut être convoqué ou invité à déposer devant les autorités habilitées à cela. (…). Nous avions été invités, nous nous sommes rendus à l’invitation. Nous avons été auditionnés pendant plus de deux heures et nous avons répondu à toutes les questions. A la fin de l’audition, nous avons signé un PV dans lequel aucun fait n’est reproché à Sanso Barry. Mais pendant que nous étions à l’audition, nous avons été désagréablement surpris que le ministre de la justice d’alors faisait une conférence de presse lors de laquelle il a déclaré que Monsieur Sanso aurait commis des faits graves. Il affirme, il ne met pas ses propos au conditionnel. Que, selon lui, cela relèverait de la sécurité nationale. A mon avis, il y a une contradiction dans cette déclaration. Premièrement, les enquêtes officielles qui sont ouvertes et qui sont menées par des spécialistes composés de gendarmes et de policiers qui ont une qualification à donner suite à ces enquêtes. (…). Nous sommes étonnés de constater que le ministre n’attend pas que ces enquêtes finissent pour donner des conclusions, se précipite pour donner des affirmations dont il n’a aucune preuve. Il traite Sanso de journaliste partisan et alimentaire et précise que les hackeurs l’ont utilisé moyennant quelque chose, pour faire passer leurs messages. J’espère qu’il a des preuves de ce qu’il dit parce que, jusque-là, les enquêtes qui sont ouvertes ne sont pas parvenues à ces conclusions d’abord ».

« Nous estimons que ces déclarations sont attentatoires à la personne de Sanso, à sa dignité et à son honneur. Il met son professionnalisme en cause, en doute. Or, Sanso est un éditorialiste reconnu sur le plan international ; c’est même une fierté nationale. S’en prendre à sa personne et aller jusqu’à faire des déclarations qui peuvent mettre sa sécurité et même sa vie en danger, sans avoir la moindre preuve, relève de la diffamation. Nous estimons qu’à date, les enquête n’ayant pas encore établi un quelconque lien entre Sanso et les hackeurs, il serait prématuré de la part d’une autorité de tenir une telle affirmation. (…). Les déclarations affirmatives de l’ancien ministre de la justice sont susceptibles de porter atteinte à l’honneur, à la dignité, à la sécurité voire à la vie privée de Monsieur Sanso Barry. Donc, son auteur est susceptible de poursuite, et nous ne renoncerons pas. Au moment opportun, nous verrons ce qu’il y a lieu de faire »

Fatoumata Camara

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