La situation actuelle de la Guinée inquiète moult observateurs nationaux et internationaux.
Les dérives autoritaires du CNRD, doublées de sa volonté manifeste de confiscation du pouvoir, enfoncent chaque jour davantage le pays dans des crises multiformes aux conséquences incalculables et imprévisibles.
Ces crises multiformes, de nature politique, économique, sociale et humanitaire, qui rythment désormais le quotidien des Guinéens sous le CNRD, ont achevé d’installer un climat de tension, de méfiance, de haine et un sentiment de désespoir et de désenchantement, surtout au niveau de la couche juvénile.
Tous les secteurs porteurs de croissance souffrent d’un manque criard de leadership et d’amateurisme de la part du groupement d’intérêts du CNRD dont les engagements de départ deviennent chaque jour de lointains souvenirs.
Malgré les apparences, le pays est assis sur une poudrière. Tous les signaux sont au Rouge.
Sur le plan social, rien ne va en Guinée tant la pauvreté devient endémique condamnant les populations à une misère qui ne dit pas son nom. Le chômage galopant, l’inflation insoutenable, la hausse généralisée des prix des denrées de première nécessité, le faible pouvoir d’achat des Guinéens et la volonté affichée des satrapes à gouverner par la violence et la terreur sont à l’origine du désespoir de la jeunesse guinéenne. Depuis deux ans, du fait d’une gouvernance erratique, plus de 26.000 jeunes Guinéens ont pris la direction de l’Europe et des États-Unis via la Méditerranée et le NICARAGUA à la recherche de pain, de sécurité et d’amélioration de leurs conditions de vie.
Ce départ massif de jeunes, fer de lance de notre avenir, classe la Guinée au rang de premier pays pourvoyeur de migrants illégaux vers ces destinations devant des pays en guerre comme la Somalie ou l’Afghanistan. La Guinée se trouve ainsi amputée de ressources humaines essentielles à son développement.
L’incendie du principal dépôt de la Société Guinéenne de Pétrole ( SGP) construite depuis l’indépendance et qui avait tenu jusque-là , est une preuve éloquente de l’amateurisme et de l’incompétence du CNRD qui doit la vérité au peuple martyr de Guinée dont une bonne partie souffre et continuera de souffrir pendant de nombreuses années des horribles conséquences de cette tragédie.
Sur le plan économique, les dégâts sont indescriptibles. L’économie longtemps sous perfusion est en train de passer en salle de réanimation en raison de la mauvaise gestion du CNRD, la corruption industrielle, l’enrichissement illicite et la gabegie financière institutionnalisée.
Le secteur minier, principale locomotive de notre économie, est géré en toute opacité comme en témoignent les nombreuses exonérations des taxes et impôts révélées récemment par le CNT.
Dans cet autre secteur, il n’existe aucune lueur d’espoir.
Sur le plan politique, c’est l’hécatombe. Le dialogue, jamais véritablement initié, est au point mort, les principaux acteurs politiques et sociaux contraints à l’exil et la justice instrumentalisée pour écarter des adversaires gênants, incorruptibles et attachés aux valeurs de la démocratie, des libertés et de l’État de droit.
L’accord dynamique obtenu de commun accord entre la CEDEAO et le CNRD semble voler en éclats à cause de la mauvaise foi et des manœuvres dilatoires des militaires qui entendent conserver le pouvoir à leurs risques et périls. L’obstination du CNRD à extraire le fichier électoral à partir des opérations du RAVEC est une preuve éloquente de la volonté de manipulation du fichier par les militaires. Et pourtant, l’option de la révision classique du fichier électoral qui a servi à la dernière présidentielle est moins coûteuse, très fiable et s’impose dans d’autres pays de la sous-région.
Les dernières décisions du CNRD ne laissent pas indifférents les acteurs politiques et sociaux. Il s’agit notamment des décrets qui confèrent l’organisation des futures élections au MATD et aux gouverneurs, le pouvoir de nomination des chefs de quartiers et de districts. Il en est de même pour la dissolution prochaine des conseils communaux élus par les citoyens et qui se verront remplacés par des délégations spéciales en violation de toutes les dispositions légales en la matière.
L’année 2024 sera celle de tous les défis, les dangers, et les enjeux pour les Guinéens qui aspirent à plus de libertés, de démocratie et de dignité. Le CNRD ne nous laisse pas le choix. Comme le disait Dénis DIDÉROT: « Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a accordé une limite à la souffrance du peuple. Au-delà de ces limites, c’est soit la fuite, la mort ou la révolte « .
La transition guinéenne prendra fin au plus tard le 31 décembre 2024. Toute option contraire conduira le pays à une situation extrêmement inflammable et les promoteurs du chaos en porteront toute la responsabilité devant l’histoire.
Le colonel doit accepter le principe d’un dialogue inclusif avec l’ensemble des acteurs politiques et sociaux pour éviter au pays tout scénario catastrophe.
L’heure est grave.
Il revient à chaque Guinéen de prendre ses responsabilités face à l’entreprise de suicide collectif dans lequel le CNRD entend nous embarquer avec comme seule obsession leur maintien vaille que vaille au pouvoir.
Souleymane Souza KONATÉ, Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller chargé de Communication du Président de l’UFDG.