Malgré les dispositions contenues dans les différents protocoles de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens, les citoyens ouest africains continent de subir les tracasseries au niveau de certains postes de frontière. C’est le cas à la frontière entre la Guinée et le Mali, deux pays de la CEDEAO. Au poste frontalier de Kourémalé, en règle ou pas, les citoyens de l’espace CEDEAO sont obligés de payer sans connaître les raisons.
Jeudi 05 octobre 2023, il est 2 h 46 minutes à la frontière de Kourémalé. Dans le véhicule du vieux Mamby, assis auprès du chauffeur, Corneille, Jeune béninois en route vers Porto-Novo. De la gare routière de Conakry au Benin, il avait tout prévu sauf les tracasseries à la frontière.
D’abord sur le territoire guinéen, au poste de contrôle de la police de l’immigration avant la frontière, bien que tous ses papiers de voyage (carnet de vaccination COVID 19, Carnet jaune, passeport béninois) soient en règle, il doit payer. Pourquoi ? Interroge le jeune voyageur. Aucune réponse de l’agent. Il doit payer 50 mille francs (3 500 CFA). Les autres passagers, tous des Guinéens, avec les mêmes documents de voyage, sont exemptés. Il a fallu la ruse et la médiation du vieux Mamby, habitué des tracasseries, pour lui éviter tout payement.
À la gendarmerie située à la frontière sur le territoire guinéen, Corneille ne se sera pas sauvé cette fois-ci. Malgré les interventions du vieux chauffeur, il sera obligé d’emprunter 50 mille francs guinéens pour récupérer ses documents. Là également, sans aucune explication. Les citoyens guinéens seront contrôlés et sortiront du pays sans difficulté. Toutefois, il faut préciser que la gendarmerie insiste sur les documents des mineurs. « Ce sont souvent des candidats à l’immigration clandestine. Tant qu’ils ne fournissent pas tous les documents, ils seront retenus ici » répond un gendarme visiblement engagé dans cette lutte.
Au poste de douane, le vieux Mamby ne sera pas obligé de défaire tous les bagages. Il entrera dans le bureau et il ressortira. « Tout est réglé. Allons. »ordonne-t-il. Là-bas, tout est convenu à l’avance. Il sait ce qu’il faut payer pour passer.
Coté malien, on ne s’encombre pas de protocole ou de discussion inutile. En règle ou pas, tous les passagers guinéens et Corneille ont payé 3 mille CFA. Pourquoi ? Aucune explication aussi. « Les gendarmes guinéens font payer aux Maliens, pourquoi les Maliens ne feront pas payer aux Guinéens. C’est la réciprocité » dit le chauffeur. « Visiblement, cette affaire de libre circulation des personnes et des biens est conditionnée au payement de l’argent aux frontières. En règle ou pas, les étrangers vont payer » a commenté un passager
Abdoulaye Ciré Diallo
Envoyé spécial à Kourémalé