Quelques heures après l’inculpation d’Ousmane Sonko, le ministre de l’Intérieur Antoine Abdoulaye Félix Diome avait annoncé dans un précédent communiqué la dissolution de son parti, le Pastef, justifiant sa décision par ses appels «fréquents» à des «mouvements insurrectionnels» qui ont fait selon lui de nombreux morts en mars 2021 et juin 2023 et entraîné «des actes de saccage et de pillage de biens publics et privés».
La «stabilité est désormais compromise, car le peuple n’acceptera jamais cette ultime forfaiture» du pouvoir contre «le favori» de la présidentielle, affirme le parti de Sonko dans un communiqué. Il a dénoncé un emprisonnement «sous des motifs fallacieux» et dit attendre une «notification» de la dissolution «anti démocratique» pour l’attaquer par des «voies légales».
L’opposant a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible, selon des juristes. Sa condamnation a engendré les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait seize morts selon les autorités, une trentaine selon l’opposition.
Sonko s’en remet à la volonté du peuple
«Je viens d’être injustement placé sous mandat de dépôt. Si le peuple sénégalais, pour qui je me suis toujours battu, abdique et décide de me laisser entre les mains du régime de Macky Sall, je me soumettrai, comme toujours, à la volonté divine», a réagi Ousmane Sonko sur les réseaux sociaux.
Il avait été arrêté vendredi après avoir notamment affirmé sur les réseaux sociaux que les forces de sécurité présentes devant son domicile l’avaient filmé.
Des manifestations, l’accès à Internet coupé
Des heurts sporadiques ont éclaté lundi en début de soirée aux Parcelles assainies, dans la banlieue, où des jeunes se sont attaqués aux forces de l’ordre qui les ont dispersés avec des gaz lacrymogènes.
Les autorités sénégalaises ont par ailleurs coupé lundi temporairement l’accès à Internet sur les téléphones mobiles en mettant en avant la «diffusion de messages haineux et subversifs» sur les réseaux sociaux, après les appels à manifester contre l’arrestation d’Ousmane Sonko. Amnesty international a dénoncé cette restriction, qu’elle considère comme «une atteinte à la liberté d’information», et appelé les autorités à «rétablir l’Internet», dans un message sur Twitter