Alors que le nouveau premier ministre Amadou Oury Bah a entamé un dialogue avec les professionnels des médias, Reporters sans frontières (RSF) appelle le nouveau gouvernement guinéen à garantir la liberté de la presse, en rétablissant l’accès aux médias brouillés et inaccessibles dans le pays depuis plus de trois mois.
Un vent d’espoir pourrait souffler sur les médias en Guinée. Le 6 mars, le nouveau Premier ministre, Amadou Oury Bah, a rencontré des représentants des associations de presse et plusieurs patrons de médias – dont ceux victimes de restrictions et de brouillages – afin de développer des solutions pour “sortir de la crise” qui dure depuis plus de trois mois.
Amadou Oury Bah a évoqué la mise en place d’une commission de travail et s’est notamment engagé à rassembler “les acteurs impliqués en vue de trouver une solution idoine”. S’il a aussi appelé à plus de “responsabilité” des médias dans leur traitement de l’information, RSF rappelle que les autorités, avec la Haute autorité de régulation (HAC) ont jusque-là été à la manœuvre de répressions arbitraires et injustifiées, et exhorte le nouveau gouvernement à des mesures fortes sans tarder.
Cette rencontre avec la presse constitue un signal positif et doit être suivie d’effets. Le nouveau gouvernement doit à présent s’engager à garantir la liberté de la presse, notamment en rétablissant sans plus attendre les médias restreints sur le territoire depuis plus de trois mois. Alors que les quatre radios brouillées et les trois chaînes de télévision retirées de plusieurs bouquets télévisuels subissent des dommages économiques sans précédent, ces médias doivent pouvoir reprendre leurs activités afin de garantir le droit d’accès à une information plurielle en Guinée.
Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Le jour de la rencontre, la direction générale du groupe Hadafo Médias, qui comprend entre autres la radio Espace FM etla chaîne de télévision Espace TV – qui subissent des restrictions de diffusion depuis fin novembre et mi-décembre, respectivement – a publié un communiqué annonçant la mise au chômage technique de 70 % de son personnel pour une durée de trois mois. Il y souligne qu’en 17 ans d’existence, le groupe n’avait jamais “eu à prendre une décision d’une telle ampleur”, qui est une “conséquence directe des restrictions imposées sur nos médias par les autorités de la transition depuis plusieurs mois”.
Les signaux des radios privées FIM FM, Espace FM, Djoma FM et Évasion sont brouillés sans explication depuis fin novembre, et les chaînes de télévision Espace TV , Djoma TV et Évasion TV sont indisponibles depuis décembre sur les bouquets Canal+ et StarTimes sur demande de la HAC. Ces médias sont économiquement très affaiblis et fonctionnent à temps partiel via les réseaux sociaux. Ils continuent leurs activités, mais ont fait le choix de ne plus diffuser certaines émissions, faute de moyens. La radio FIM FM a dû mettre tous ses journalistes en chômage technique. Le directeur adjoint des programmes du groupe Fréquence Info Médias (FIM) auquel appartient la radio, également chroniqueur de l’émission “Mirador», Ibrahima Lincoln Soumah, indique à RSF : “Même lorsqu’on souhaitait diffuser nos émissions sur les réseaux sociaux, on nous ôtait la connexion”.
Reporters sans frontières