AES : Que comptent faire désormais le Mali, le Burkina Faso et le Niger ?
En rompant le cordon ombilical avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le Mali, le Burkina Faso et le Niger franchissent un nouveau pas dans le projet de «voler de leurs propres ails». En effet, les trois pays ont déjà quitté le G5 Sahel, lancé en 2014 par la France pour combattre les groupes terroristes dans la région, et créé, le 16 septembre 2023, l’Alliance des Etats du Sahel.
Un cadre qui ambitionne d’assurer une protection contre «toute attaque visant la souveraineté et l’intégrité territoriale» des trois membres. Un retrait qui a scellé la dissolution du G5 Sahel. L’article 20 de l’alliance militaire précise que «le G5 Sahel peut être dissous à la demande d’au moins trois Etats membres». La Mauritanie et le Tchad avaient annoncé, en décembre, respecter la décision de leurs anciens alliés.
Le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad avaient adhéré, le 23 décembre, à l’initiative, lancée le 6 novembre dernier, par le roi Mohammed VI devant permettre aux pays du Sahel d’accéder à l’Atlantique. Un projet qui «offre de grandes opportunités pour la transformation économique de l’ensemble de la région en ce qu’elle contribuera à l’accélération de la connectivité régionale et des flux commerciaux, et à la prospérité partagée dans la région du Sahel», avaient salué les quatre Etats dans un communiqué.
La Mauritanie refuse, pour le moment, de leur emboîter le pas. Des considérations, se rapportant notamment à ses bonnes relations avec la France et l’Algérie, sont à même d’expliquer le silence mauritanien, et ce malgré l’invitation directe lancée, la semaine dernière, par le ministre marocain des Affaires étrangères. «La Mauritanie a sa place, son rôle et elle est un acteur essentiel dans cette initiative, conformément à la vision de Sa Majesté le roi Mohammed VI», a affirmé Nasser Bourita lors d’un point de presse animé, le 22 janvier à Rabat, avec son homologue mauritanien, Mohamed Salem Ould Merzoug.
Contrairement à la CEDEAO et à d’autres acteurs régionaux et internationaux, le Maroc n’a pas condamné les coups d’Etats survenus au Mali, Burkina Faso et au Niger. Le royaume a salué, aussi, l’installation de Mahamat Idriss Déby, président de la transition tchadienne, après l’assassinat de son père. Pour mémoire, le roi Mohammed VI s’est dit convaincu, dans un message datant du 24 avril 2021, que «le Président du Conseil militaire de transition (Mahamat Idriss Deby, ndlr) saura conduire la transition politique de la République du Tchad et consolider les fondements d’un Etat stable et prospère, ce qui ne manquera pas de contribuer à la sécurisation de l’ensemble de la région Sahélo-saharienne, à laquelle le défunt n’a cessé d’œuvrer».